On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
La dépression.
Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.
J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Le 6 avril 2016.
Par euthanasie volontaire assistée.
Date de sortie : 27/04/2016
Prix : 16e en broché
Je sors tout juste de ma lecture et j’ai peur de ne pas arriver à vous décrire exactement ce que j’ai ressenti parce que je suis vraiment troublée, profondément touchée, au-delà de ce que les mots pourraient exprimer.
Avant même d’avoir ce roman entre les mains, sa couverture m’a séduite, le résumé m’a tout de suite intrigué, interpellé. Je l’ai commencé avec une boite de mouchoirs à mes côtés, ce qui m’a bien servie, sachez-le.
J’ai découvert le mal-être de Camille, depuis son plus jeune âge. J’ai assisté à son autodestruction, à l’escalade de sa détresse psychologique, à la surenchère de ses tentatives au fur et à mesure des années. Elle ne trouve plus sa place, elle est perpétuellement plongée dans un sentiment d’échec. On ne ressent que trop bien sa souffrance et c’est un sentiment tellement étrange de voir le déroulement de son raisonnement, le pourquoi de sa décision.
J’ai eu envie de l’accompagner jusqu’au bout parce que personne ne mérite de vivre comme elle vit. Et à côté de cela, je me suis vue à la place de ses parents, à me poser des questions : et si un jour mon enfant en arrivait là ? Quelles seraient mes réactions? Serais-je capable de l’accepter, de m’y conformer ?
J’ai apprécié l’arrivée de Marc, avec toute sa bienveillance. Il va la traiter comme n’importe quelle femme, il va devenir la seule personne en qui elle a une confiance absolue. Ces instants sont beaux, réellement, ils apportent une douceur et une lumière à cette histoire.
Ce livre a soulevé tellement de choses en moi, m’a fait ressentir tellement de sentiments que je le referme avec une impression de vide, car jusqu’au bout, malgré ma compréhension de sa décision, j’ai gardée espoir, les larmes aux bords des yeux.
Sophie Jomain nous parle d’un sujet tabou avec une infinie justesse, sans aucun préjugé. Son écriture nous accroche et décrit les choses avec une intensité et une profondeur qui ne peuvent que nous toucher. Elle nous raconte simplement la vie de cette jeune femme qui mérite de choisir sa façon de mourir à défaut d’avoir choisi sa façon de vivre.
