Quand mon père est ressorti du commissariat, il avait l’air perdu. Il m’a pris dans ses bras et s’est mis à pleurer. Un court instant j’ai pensé : ça y est, on y est. Léa est morte.
Puis il s’est écarté et j’ai vu un putain de sourire se former sur son visage. Les mots avaient du mal à sortir. Il a fini par balbutier : ” On l’a retrouvée. Merde alors. On l’a retrouvée. C’en est fini de ce cauchemar. ”
Il se trompait. Ma soeur serait bientôt de retour mais nous n’en avions pas terminé.
Date de sortie : 23/08/2018
Prix : 16e en broché et 11e99 en numérique
Selon eux, ces longues heures que je passe au milieu de l’eau ne sont pas pour arranger les choses. Plus qu’un traitement, ils y voient un symptôme. Une fuite. Une façon très littérale de noyer mon chagrin. De me laver les cerveau à l’eau de mer. Ils n’ont peut-être pas tort.
Avec l’envie de me tourner vers un nouveau genre de lecture, je me suis tout naturellement intéressée à La tête sous l’eau d’Olivier Adam. Le résumé m’a immédiatement intriguée et la couverture m’a en quelque sorte apaisée. Un premier ressenti tout en contradiction qui a forcément aiguisé ma curiosité.
Grand bien m’en a pris puisqu’après quelques heures passées en compagnie d’Antoine, Léa et leurs parents, je suis troublée par l’histoire que je viens de découvrir et presque rasséréné par la direction prise par son auteur à la fois juste et réaliste.
Impossible de ne pas se sentir concerné par le déroulement des événements. Et je tiens particulièrement à saluer la narration du point de vue d’Antoine, qui nous plonge au cœur de ce cauchemar d’un point de vue extérieur que l’on a très peu l’habitude de voir dans ce genre de récit. Loin de mettre de la distance avec la situation chaotique dans laquelle cette famille se trouve immergée, on s’interroge d’autant plus sur les faits, sur les tenants et les aboutissements de cet instant précis qui a changé leurs vies.
Olivier Adam a instillé en moi bon nombre de sentiments contradictoires. Tout comme ses protagonistes, je me suis sentie prise à la gorge rongée par l’angoisse et l’incertitude de savoir ce qu’il s’est réellement passé. Les quelques chapitres sous forme d’email écrit par Léa ont considérablement augmenté mon appréhension. L’attente est insoutenable, le soulagement éphémère et la douleur sans aucune commune mesure.
Ce texte est fort, puissant et l’on subit finalement autant que les personnages mis en scène. Je trouve ça assez exceptionnel la faculté de l’auteur à faire ressortir les émotions aussi vivement. De plus, une tension persistante parcourt ce récit et soulève bien plus de questions, qu’elle n’apporte de réponses. Elle réveille les craintes et met en lumière les erreurs et les fêlures de chacun. À travers la culpabilité, la peur, la souffrance, l’angoisse, le chagrin ou encore le désarroi, il arrive à faire écho à nos angoisses les plus profondes et à décrire objectivement la complexité de reprendre sa vie en main après ce genre d’épreuve.
La tête sous l’eau est un livre profond, intense qui engendrera forcément une réaction chez son lecteur. Les difficultés s’enchaînent, les moments de joie donnent de l’espoir et cette fin apporte une sorte d’apaisement derrière lequel on court tout du long. Je suis ravie de mon choix et sous le charme de cette lecture qui m’a apporté une bouffée d’oxygène. À découvrir de toutes urgences.

Il est dans ma pal depuis peu. Hâte de le découvrir
C’est une superbe histoire d’un point de vue original. J’ai vraiment apprécié l’ensemble