Veuve depuis peu, Lucette, ancienne assistante sociale au langage chantant le soleil de la Guadeloupe, s’ennuie. Depuis son rez-de-chaussée, elle assiste au spectacle de la rue. Quand un drame s’abat sur la famille d’Émi, la petite voisine d’en face, elle s’implique et mène une enquête parallèle à celle de Carrie, l’officier de police. Pour cela elle observe les habitants : Enzo le père de l’enfant, Rachid l’épicier, Marina l’étudiante, Pierre le dentiste, Claudine et Huguette les retraitées actives.
Qui a agressé Adèle, la mère d’Émi ? En quoi cela concerne-t-il le salon de coiffure à quelques pas de là ? Ce drame bouleverse la vie d’un faubourg, crée de la solidarité, des frictions. Personne n’en sort indemne, pas même Lucette, interpellée dans ses relations avec sa fille. Et le quartier au cœur du récit, n’a peut-être rien d’un agréable village parisien.
Date de sortie : 27/02/2019
Editions : Auto-édité
Prix : 14e90 en broché et 2e99 en numérique
Rachid avait les yeux mouillés. L’amour et le souvenir, ça faisait de l’eau, comme l’hydrogène et l’oxygène en contact. Les yeux de Lucette brillaient. La fête, la danse, le carnaval, c’était plus fort qu’elle. Ça l’a transportait.
« Emi, Lucette et la coiffeuse » d’Evelyne Larcher est un livre comme il en existe peu à la fois intrigant et bourré de tendresse.
Lorsque l’on rencontre pour la première fois Lucette, il est clair que l’on s’attache à sa forte personnalité et je me suis personnellement attendrie sur cette femme âgée qui a déjà tant donné et tant subi. Toutefois, j’ai également compris les avis de ses voisins à son égard, car il n’est pas facile de côtoyer ce fort caractère au quotidien. Mais au final la seule chose que veut vraiment Man c’est l’attention des siens et bien qu’elle n’y mette pas les formes, cette mamie guadeloupéenne ne souhaite que le bonheur de son entourage.
L’accident qui se produit et qui engendre les événements à venir est particulièrement troublant. À travers les différents protagonistes de cette histoire, on prend part à une enquête construite comme un puzzle géant à résoudre. Chacun y va de sa théorie, établit des hypothèses sous forme de commérage de quartier. Car oui, dans cet ouvrage, nul besoin de police et d’inspecteur, il suffit de se tourner vers l’épicier, la voisine, le dentiste et tout autre acteur vivant de la rue pour se forger son opinion et recouper les preuves. C’est un véritable sac de nœuds à démêler et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il faut rester les sens en alerte pour ne louper aucun détail de cette affaire sordide.
Qui ? Pourquoi ? À quelles fins ? Sont les questions qui interpellent tout du long. Le nombre de personnages est certes impressionnant, mais j’ai beaucoup aimé la manière dont on switche d’un point de vue à l’autre. Cela apporte beaucoup de vie à cette lecture. De ce fait, outre les faits, le lecteur doit prendre en compte les affinités et la sensibilité des uns et des autres. On découvre leurs pensées, on vit ces quelques mois à leurs côtés, suivant le ressenti de chacun, disséquant leurs existences en profondeur.
J’ai réellement apprécié parcourir ces pages et rencontrer les gens de cette rue, les voir évoluer aux contacts de leurs voisins ou tout simplement de leur famille et partir sur les traces d’un coupable que je n’ai personnellement pas vu venir. Une chose est sûre, plus j’avançais plus je m’attachais à chacun d’entre eux et je n’avais pas envie de les quitter.
« Emi, Lucette et la coiffeuse » recèle de secrets et d’indices disséminés. J’ai été séduite par l’écriture de l’autrice et par le message qu’elle place au centre de son texte. J’ai trouvé son récit très positif et bienveillant. Il a même réussi à ramener quelques-uns de mes souvenirs dans mon esprit. Je suis enchantée par ce livre, par sa trame et sa morale.
À lire si vous aimez les histoires de voisinage, d’affaire suspecte et d’amour sous toutes les coutures.
