« J’ai grandi avec des parents sourds. Aller à l’école fut un choc. J’y rencontrais un monde fait exclusivement de paroles et de sonorités. Je n’ai commencé à parler qu’à l’âge de six ans, puis je suis tombée amoureuse des mots. J’ai décidé d’écrire pour traduire en lettres les silences et les signes qui m’habitaient, pour les partager, leur donner du sens, un poids et une existence.»
C’est l’histoire d’une petite fille devenue femme, née dans une famille considérée comme différente et en difficulté par la société, du fait de la surdité de ses parents. Et pourtant, elle a senti, observé, vécu des situations qui sortent du commun et lui ont donné la force d’appréhender la vie autrement. Là d’où elle vient, on allume et on éteint la lumière pour faire remarquer sa présence. On ne dit pas, mais on «_parle_» et montre les choses avec les mains. Et on ne laisse jamais tomber.
Marina Al Rubaee nous invite à entrer dans une autre réalité, un univers où elle a dû très tôt prendre le rôle d’une adulte en devenant une aidante – quelqu’un qui s’occupe de proches en situation de dépendance.
Vue de l’extérieur, cette situation paraît extraordinaire alors que, pour elle, c’est une vie des plus ordinaires.
Date de sortie : le 18 /09/ 2019
Éditions : Fayard/ Mazarine
Prix : 12,99 € en numérique et 18€ en broché
Les mots ont un pouvoir dont on use parfois à mauvais escient. Mal employés, ils abîment les gens, les rapetissent de l’intérieur, enlèvent leur valeur intrinsèque et leur estimes d’eux-même. Les mots condamnent, les mots tuent.
Les larmes aux yeux, le sourire aux lèvres, et le cerveau en ébullition… Voilà, l’état dans lequel je me trouve après avoir tourné la dernière page de ce livre. Parce que je suis émue. Touchée d’avoir pu découvrir ce monde que je n’ai jamais côtoyé, bouleversée d’avoir pu, l’espace de quelques jours, ressentir ce maelström d’émotions qu’est cette biographie.
Comment parler de ce livre ? Comment susciter l’envie de le lire alors qu’à mes yeux, la force de ces phrases est indescriptible tant elle est grande ?
Il était une voix… n’est pas un livre comme un autre, puisqu’en le lisant, nous plongeons dans un autre univers qui est, pourtant, si proche du nôtre. Nous plongeons dans la vie de Marina, dans le quotidien fastidieux de ses parents.
La surdité.
Tout le monde connaît, tout le monde en a déjà entendu parler.
Chacun d’entre nous a déjà aperçu une personne qui communique en agitant ses mains, qui signe des mots.
Nous avons déjà tous eu cette curiosité qu’est celle de vouloir comprendre ce langage.
Et même… Combien d’entre nous ont envié le silence dans lequel les malentendants baignent ?
Et pourtant… Que savons-nous de leurs difficultés ? Que savons-nous de ce “handicap”, des maladresses des autres qu’ils vivent chaque jour ?
Nous ne savons rien.
Une lumière qui s’allume et s’éteint pour prévenir d’une présence.
Le silence dans les oreilles, la peur de faire trop de bruit et de déranger, un quotidien similaire, et si différent à la fois.
Marina, elle, est entendante.
Son frère et sa soeur aussi.
Par contre leurs parents sont sourds.
Comment apprendre à parler quand notre langue maternelle est celle des signes ?
Évoluer dans un monde où la différence effraie, où elle est pointée du doigt ?
Comment prendre confiance en sa voix alors que chez soi, elle se déporte dans nos mains pour communiquer, que nos émotions se peignent sur notre visage pour rendre nos paroles plus authentiques ?
Une rentrée à l’école, une élève qui s’isole par “peur” de mal parler, et des professeurs peu patients ; une orthophoniste merveilleuse.
Puis, un jour, un téléphone fixe qui s’installe à la maison, pour faire comme les autres ; une situation urgente, et un seul moyen de régler le souci : la voix de Marina.
Seule elle entend et peut traduire à ses parents, seule elle peut traduire les signes de ses parents.
Elle deviendra alors l’interprète.
À travers ce récit, on découvre l’histoire de chaque personnage, on s’attache, on vit avec eux les anecdotes, les moments de faiblesses, les ras le bol quant aux formulaires et à la communication extrêmement compliquée , les instants joyeux, leurs rires, mais aussi les espoirs.
Parce que “ne jamais baisser les bras, ne jamais abandonner”.
Cette phrase est à mon sens, celle qui représente tellement bien cette famille, en particulier Marina.
Son courage, sa force de caractère, sa persévérance ainsi que sa témérité sont des leçons de vie qu’on se prend en pleine figure.
On a envie de hurler avec eux, de se lever et de se battre pour eux, à leurs côtés, de tous, faire entendre leurs voix.
L’amour et la douceur qui unissent cette famille m’ont émue, m’ont touchée profondément, et sont, en partie, ce que j’ai adoré lire.
Je finirais par ça, parce que j’aime m’adresser aux auteurs, et que j’ai adoré découvrir celle-ci.
Marina, soyez fière de vous, toujours.
Votre professeur disait que vos lacunes en Français ne feraient pas de vous une journaliste. Et voyez là où vous en êtes.
En plus d’avoir réalisé votre rêve d’enfant, vous avez écrit un livre merveilleux, captivant, sublime.
Puissant.
