Une blogueuse impitoyable et un écrivain sexy, balayés par le vent de la passion.
Fiona ne manque pas de mordant. Abîmée par l’existence, elle a reconstruit sa vie autour d’un groupe d’amies avec lesquelles elle tient un blog littéraire. Leur cible favorite : les auteurs arrogants dont le mépris les hérisse. Lorsque Christopher Barrow, l’une des victimes dont elle a détruit la réputation un an plus tôt, refait surface pour une séance de dédicace, Fiona décide de s’y rendre pour le pousser à renoncer une fois pour toutes à l’écriture.
Date de sortie : 14/03/2018
Prix : 20e en broché et 5e99 en numérique
Sa voix vibra en moi et parcourut tout mon corps. Elle avait quelque chose d’animal. Pas un chihuahua ou un mouton chevrotant, non, un son rauque entre l’ours brun et le lion, une tonalité envoûtante et virile qui vous plonge dans les limbes du désir dès la première note. Mon regard ne pouvait se détacher du noir profond de ses yeux, comme si le fait de rompre le contact visuel pouvait me couper la respiration.
Tout d’abord, je remercie l’auteure pour ce service presse et cette lecture ô combien intéressante !
J’aimerais commencer ma lecture par une citation d’Oscar Wilde, vous permettez ? « Une femme très moderne trouve un nouveau scandale aussi charmant qu’un nouveau chapeau et aère les deux au parc tous les après-midi ». Ce roman est une fiction et pourtant, il n’est pas si éloigné de la réalité sur certains aspects. Repositionnons le concept : Fiona est une chroniqueuse de talent reconnue et fort suivie. Christopher, lui, est un auteur à succès. Laissez tomber la petite phrase type du genre « Ils n’auraient jamais dû se rencontrer bla, bla, bla…. Et pourtant… bla, bla, bla… » parce que ces deux-là, il fallait bien qu’ils se croisent un jour ou l’autre.
À la faveur d’une dédicace, c’est chose faite. Mais rien ne se passe comme prévu : la blogueuse qui prend un malin plaisir à démonter chaque roman de l’écrivain à sa sortie se fait happer par le dernier, puis séduire par la personnalité solaire et tendre de l’auteur. Premiers préjugés effacés pour Fiona : non, les auteurs ne sont pas tous des semi-milliardaires adulés de milliers de femmes et logés à grands frais dans des hôtels de luxe par leur éditeur. Ils ont un boulot à côté, et ne touchent qu’une faible part du prix de vente de leur ouvrage (L’éditeur aussi, point de débat, l’industrie du livre est bien plus complexe). Ils ne sont pas intouchables non plus, ce sont des gens ordinaires heureux de rencontrer leurs lecteurs et de passer un petit moment avec eux. Christopher aussi, abandonne quelques a priori : harcelé violemment par une chroniqueuse depuis un an, il a perdu confiance en lui et n’ose plus se montrer en public. Les attaques d’une chroniqueuse ayant sévèrement démoli son estime. Une blogueuse qui n’est autre… que Fiona ! Mais celle-ci, loin de lui révéler ses lourds secrets, va lui redonner le sourire et la combattivité, par sa douceur et sa sensualité.
Alors, happy-end déjà ? « Ils se pardonnèrent et eurent beaucoup de petits best-sellers » ? Nullement. Vous vous doutez bien que, loin de vous spoiler le roman, je ne vous résume que les cinq premiers pour cent. La suite du récit nous révèle une Fiona cruellement brisée, animée par un profond désir de vengeance. Un Christopher amer, que le besoin de revanche et de justice va métamorphoser. Forcément, la résurgence de leurs secrets et de leurs meurtrissures va faire de sérieux dégâts. Pourtant, ils sont la réponse et l’antidote. Leur relation est sans doute la voie de l’apaisement, de l’épanouissement, de la guérison. Mais à quel prix ?
J’ai été embarquée avec délice dans la maîtrise absolue de la sensualité et de l’érotisme dont Gala de Spax fait preuve. Mais surtout, j’ai trouvé ce livre très à propos. Le contexte littéraire, en romance notamment, s’est notablement complexifié et ici, comme outre Atlantique, on assiste à une saturation du marché. Cela entraîne une crise majeure avec, au cœur des enjeux, la visibilité. Dans ce climat de tension surgissent des comportements de toute nature et des légendes urbaines nocives. Comme l’auteur en parle dans son roman, les auteurs ont parfois la sensation d’être poursuivis de chroniqueuses haineuses, motivées par l’intention de détruire une histoire. C’est faux, aucune chroniqueuse digne de ce nom ne perd son temps à écrire une chronique juste pour entacher une réputation. Mais il n’y a pas de fumée sans feu : dans cet océan de nouveaux auteurs, avec cet immense raz de marée de romance, des comportements limites ont émergé, des personnalités avides de scandales, de controverses, de potins. C’est vrai. Il y a peut-être comme partout (Et là, c’est la loi de l’universalité pas du milieu) des profiteurs, des gens bon public et d’autres très critiques, mais la blogosphère reste saine dans son ensemble.
Un grand nombre de chroniqueuses se sont inquiétées, du reste, de rumeurs très sombres remettant en question leur intégrité. Certaines craignent aussi de voir leurs abonnés se détourner : car là aussi, il y a saturation et le lecteur se lasse. Pourtant, la chroniqueuse passionnée est toujours là, critique (Au bon sens du terme) sur la tendance et l’évolution du lectorat, amoureuse de lecture et respectueuse de l’auteur.
Oui, j’ai trouvé ce livre très juste, parce qu’il révèle une crise et un climat anxiogène qui pèsent sur chaque acteur de l’industrie du livre, du lecteur à l’auteur, en passant par l’éditeur et ses partenaires. Mais j’en trouve aussi la morale très juste. Entre a priori et minorité, faux semblants et préjugés, si chacun retrouve confiance en l’autre, il en ressortira forcément ce qui sous-tend le milieu littéraire : de la passion, de l’entraide, et quoi qu’on en pense parfois, une incontestable bienveillance. Dans les deux camps.
