La menteuse et la ville – Ayelet Gundar-Goshen

” Il y a des gens à qui sied la vérité et d’autres que le mensonge embellit. ”

Nymphea porte un nom de fleur mais son quotidien est loin d’être rose. À dix-sept ans, elle traîne ses complexes et souffre d’une vie insignifiante, où rien ne lui arrive jamais. En vendant des glaces pendant l’été, elle espère enfin sentir souffler le vent de l’aventure. Mais rien ne se passe… Jusqu’au jour où Avishaï Milner, chanteur populaire sur le retour, franchit le seuil de son échoppe. Pressé et méprisant, le play-boy déchu agresse verbalement Nymphea, puis la poursuit dans l’arrière-cour où elle s’est enfuie. Lorsqu’il la saisit par le bras, elle hurle et, l’instant d’après, toute la ville est là. En quelques secondes, la jeune fille récrit l’histoire, et Avishaï se retrouve en garde à vue pour tentative de viol sur mineure. Quant à la pseudo-victime, elle est propulsée au rang d’icône, Cendrillon en croisade contre les violences masculines.
Pendant ce temps, une autre femme est elle aussi entraînée dans un mensonge dont elle ne mesure pas encore les retombées : Raymonde, vieille juive issue de l’immigration marocaine en Israël, prend l’identité de Rivka, sa meilleure amie, rescapée des camps… “

Maison d’éditions : Les Presses de la Cité
Prix : 14e99 ebook/ 21e broché 

Force était de constater que ce changement tant attendu mais toujours retardé, même après le passage au lycée, se produisit en cette soirée d’automne, dans une petite pièce du commissariat de la rue principale. Et plus elle parlait, plus elle s’épanouissait.

 

 Voilà que je tourne la dernière page de ce livre, sans trop savoir quoi en penser, ni quoi en dire, parce qu’il me laisse assez dubitative sur quelques aspects.
Si incontestablement j’ai aimé la plume très poétique aux métaphores très imagées de l’auteur, je dois avouer que j’ai trouvé ma lecture longue, parfois trop, même si l’histoire, au final, m’a plue.

Aux premiers abords, j’ai été assez déboussolée de lire un texte écrit à la troisième personne, puisque ça faisait bien longtemps que je ne lisais que du texte en “je”.
À vrai dire, il ne s’agit pas d’un réel souci, puisque cette façon d’écrire permet de faire connaissance avec tous les personnages de l’histoire, aussi insignifiant soit-il.

Et c’est là, quelque part, que le bât blesse pour moi.
Parce qu’à force de trop nous détailler la vie du moindre figurant (et qu’en plus ces précisions de plusieurs paragraphes ne nous apportent rien de spécial dans le roman) l’auteur nous perd, et en tant que lectrice, je me suis lassée de certains passages beaucoup trop longs avant de revenir dans le cours de l’histoire, dans le vif du sujet. 

Revenons à l’histoire en elle-même !

Notre héroïne, Nymphéa, est une adolescente de 17ans. Bonne élève, jolie mais pas assez, gentille et bien trop seule par rapport aux jeunes de son âge, elle travaille en tant qu’étudiante chez un glacier. Sa vie ? Elle est fade, il ne se passe jamais rien de fabuleux, jusqu’au jour où ce chanteur-tombeur débarque dans la boutique, alors qu’elle est seule derrière son comptoir givré.

Avishaï est la caricature même de la vedette de télé-réalité. Il a été lauréat d’une émission télévisée (type the voice/star academy), a enflammé les coeurs des midinetttes, a brûlé les culottes des femmes, jusqu’à ce que sa notoriété s’évapore.

Il est en colère contre le monde entier qui ne le reconnaît presque plus, rêve que le succès le propulse une nouvelle fois sur le devant de la scène, est tellement confiant en lui-même qu’il en est exécrable, et encore plus quand il entrera dans cette boutique pour se commander une glace, et qu’il agressera verbalement cette ado mal dans sa peau, qui ne trouve pas sa place sur terre.

S’en suivront une poursuite dans l’arrière cour de la boutique pour un dû, une dispute, un cri, une foule qui s’offusquera bien trop vite, des déductions d’attouchements qui ne seront pas niées par Nymphéa.

Ou comment, d’une incompréhension générale, d’un “oui” au lieu d’un “non”, Nymphéa va devenir la starlette de la ville, témoignant et narrant au grand public – dans les journaux, à la télévision, etc- l’affront qu’elle a fait à cet homme qui a voulu la violer. 

Ce qu’elle ne savait pas, au début, c’est qu’il y a Léo, témoin de la scène depuis son appartement, qu’il y a ce SDF faussement sourd et muet aussi, et que eux, savent la vérité.
Léo usera du chantage : on sort ensemble ou je te balance.
Et… Je n’en dirai pas plus! 

L’histoire se tient, elle pourrait réellement se passer, d’autant plus à notre époque où les rumeurs courent plus vite que Usain Bolt.
La force de l’auteur a été de nous embobiner aux niveaux de nos sentiments, de notre conscience, de notre morale.

Je m’explique : dans la vraie vie, nous pourrions tous être cette héroïne, adolescente perdue qui ne sait plus comment revenir sur son mensonge. Je lui ai trouvé des excuses, j’ai compris sa détresse, ses doutes, sa culpabilité. Comme j’ai aimé la voir s’affirmer et prendre confiance en elle malgré sa conscience qui lui hurlait que le mensonge, c’est mal ! Je me suis mise à la place de sa famille aussi : de la maman qui ne sait plus vraiment si c’est vrai ou non, de ce papa qui ne parvient plus à parler à sa fille tant il est mal à l’aise, de cette soeur, mise de côté.

Mais surtout, je me suis mise à la place de ce chanteur, de cette homme qui, même s’il est infâme, reste innocent, tout en pensant à ce fichu “merde, au pire il en prend QUE pour 5ans de prison”, alors que non ! Il est innocent, pourquoi ai-je pensé comme ça mon dieu ??

Petit bémol concernant la fin qui, pour moi, est bien trop rapide, bien trop simple après 50 chapitres où le suspens était à son comble, alors que nous attendons ce moment avec impatience… Mais est-ce peut-être moi qui en attendais trop ?

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