Joséphine Olinsky, avocate sûre d’elle et sans scrupules, déteste Noël et tout ce qui s’y rapporte. Surtout ce concentré de sentiments mielleux et dégoulinants de niaiserie. La seule chose qu’Aaron Starck, auteur à succès et séducteur, déteste encore plus que Noël, c’est cette garce d’avocate qui a réussi à lui extorquer la moitié de sa fortune lors de son divorce. Pourtant, ces deux-là vont devoir passer les fêtes de fin d’année ensemble suite à un (mal)heureux coup du hasard. Entre deux passages de la romance érotique d’Aaron et trois guimauves, entre une oeillade de tatie Janine, sexagénaire décomplexée, et une énième plainte de ce vieux ronchon de papy René, coups bas et vacheries vont pleuvoir. Cynisme, sexe et quiproquos, Noël n’aura jamais été si mouvementé !
Date de sortie : 08/11/2019
Editions :
Prix : 15e90 en broché et 4e99 en numérique
Le contexte :
’aime Noël, mais de façon plus surprenante, en règle générale, je n’aime pas les romances de Noël. Le pitch est souvent convenu (Ça fait partie du jeu, me direz-vous) et je me lasse rapidement du déroulement trop prévisible de l’histoire. Lorsque l’éditrice m’a dit que celle-ci serait différente, drôle, unique et incontournable, je me suis laissée convaincre. Comme j’ai bien fait ! Les personnages de ce roman sont absolument géniaux, les bons comme les mauvais, leur psychologie est juste parfaite. L’humour y est amplement dosé pour le rendre drôle, mais réaliste, sans être grotesque. Certaines situations méritent leur pesant d’or et j’ai ri toute seule plus d’une fois. Toutefois, il y a tout de même une part d’ombre dans ces personnages et j’ai été surprise par leur profondeur d’âme. Là où je craignais la caricature, j’ai trouvé une grande justesse et ça, c’est vraiment génial.
Joséphine, l’héroïne, m’a incroyablement surprise. Et pour cause ! Avocate réputée, redoutée et redoutable, elle est intransigeante, insupportable, un dragon : GI. Joe comme la surnomme Aaron, le héros de l’histoire. Un caractère difficile au travail comme dans la vie privée, le tout enrobé d’une solitude aussi voulue qu’elle est subie. Pourtant, cette femme forte, dure, implacable, n’est pas accomplie ni heureuse. Elle a grandi et évolué en milieu hostile depuis toujours. Son principal handicap ? Sa famille et là, je vous jure que j’ai cessé de la voir comme la casse-pieds de service ! Plusieurs fois je me suis demandé comment elle faisait pour ne pas planter tout le monde et s’en aller en claquant la porte une bonne fois pour toutes ! Mais non, elle affronte son monde courageusement (Et il en faut du courage !) à grand coup de dédain, mesquineries et piques assassines. Face à elle, j’ai eu un peu peur de trouver un héros tout en contraste qui aurait fait office de figure repoussoir. Mais non, pas du tout ! Aaron, s’il n’est pas affublé du même handicap familial, est doté d’une répartie cinglante qui rehausse son esprit affûté et son physique avantageux. Et il lui en faudra, des armes, pour affronter celle à qui il doit sa plus cuisante défaite : un procès qui l’a opposé à Joséphine et dans lequel il a laissé des plumes. Beaucoup, de plumes. S’ensuivent des joutes oratoires mémorables ! Et un combat acharné où tout est permis pour assouvir son esprit de revanche. Autant pour l’un, que pour l’autre. Pourquoi ? À vous de le découvrir.
Les personnages secondaires, quant à eux, mériteraient une mention spéciale ! On a presque là un scénar digne d’un bon film à la Klapisch, dans l’esprit d’ « Un air de famille ». J’ai adoré Alizée et son altruisme fraternel, la famille d’Aaron, le papy René et oh… mon Dieu !! LA tata Janine… Mon avis : Ce roman m’a particulièrement touchée, parce que j’y ai perçu les désastreux dégâts que peuvent entraîner les paroles assassines que l’on reçoit depuis l’enfance. Surtout lorsqu’il s’agit d’une longue, très longue destruction psychologique de l’estime de soi, au sein même de ce qui constitue les fondations de nos relations sociales : la famille. Car une famille, c’est avant tout une micro société dans laquelle les liens du sang ne changent parfois pas grand-chose… Et l’auteure en pose le principe à plusieurs reprises, entraînant le lecteur à se poser de très nombreuses questions sur un sujet Ô combien d’actualité : qu’est-ce vraiment que la famille ? Traditionnelle ou pas, monoparentale ou homoparentale, quel est son rôle dans l’avenir des jeunes adultes, puis des parents, que nous devenons ?
Christmas sucks, au-delà d’une romance de Noël lambda, c’est une belle réflexion sur l’acquis et l’inné, sur ce que les autres nous apportent en bien, en mal, pour nous construire ensuite. C’est l’histoire de Joséphine et Aaron, qui dans un contexte décalé et hilarant, vont devoir confronter leurs personnalités. Deux parcours de vie différents. Deux bagages opposés. Sont-ils vraiment compatibles ? La carapace qu’on se forge, les désillusions qui nous blessent, la rancœur qui nous ronge, sont-elles des atouts, ou des faiblesses ?
En bref : Aurélia Vernet est une auteure dont j’ai apprécié la finesse d’esprit. Christmas sucks est une histoire drôle et sexy, mais profondément spirituelle aussi : c’est tellement plus qu’une romance de Noël ! L’écriture est d’une grande justesse, mature, bien aboutie, parfaitement dosée dans le rythme. C’est fluide, addictif et touchant. Un coup de foudre pour moi, un vrai beau et bon moment de lecture ! Et si vous ne devez lire qu’une seule romance de Noël, croyez-moi, c’est celle-ci !
