Après le bois de Hêtres – Armand Bulwa

“En janvier 1945, au coeur d’un hiver très dur, les nazis prirent la décision d’évacuer le camp des Częstochowa. Nous avons dû embarquer dans des wagons à bestiaux. Dehors, on hurlait des ordres. Nous échangions des regards affolés, chargés d’incompréhension, tandis que nous parvenait le bruit des bombardements soviétiques, source d’angoisse autant que d’espoir.
Après quatorze jours de ce voyage terrifiant, la moitié d’entre nous avait péri en route. Les portes se sont ouvertes sur un paysage de neige, une colline au coeur d’un bois de hêtres : Buchenwald. J’ai reçu le numéro 116.536. J’ai enfilé la chemise et le pantalons rayés. Mais je n’avais pas de ceinture pour le faire tenir…”

Aron Bulwa, fils d’un couple de tailleurs, a dix ans lorsque le quartier juif de Piotrków, où il est né, est transformé en ghetto et cerné de barbelés. Contraint au travail forcé, puis déporté à Buchenwald, il y survivra trois mois, à jamais redevable au geste d’un garçon de son âge, Lolek Buzyn, qui lui offre une ceinture…

Recueilli par L’Oeuvre de secours aux enfants (OSE) en mai 1945, seul rescapé de sa famille, il découvre la France, dont il ignore tout. Il y gagne un prénom, Armand. Et une famille qui, comme lui, s’appelle Bulwa. Son témoignage est hanté par une énigme : pourquoi a-t-il survécu ?

Date de parution : Le 16 janvier 2020
Maison d’éditions : L’Archipel
Prix : broché 18e

L’étape suivante s’est déroulée dans une salle immense, non chauffée, meublée de bancs, où nous avons reçu l’ordre de nous déshabiller. {…} Donc, après avoir soigneusement plié nos pauvres haillons, afin de pouvoir les récupérer ensuite, selon les consignes des gardes, nous avons posé nos fesses décharnées sur les bancs, à tour de rôle, pour que les coiffeurs nous rasent la tête et le reste du corps. Comme nous étions tous dévorés par la vermine, nous avions la peau à vif et les tondeuses passant sur les plaies nous furent un supplice. 

Survivre.
Un seul mot, pour résumer des années de souffrances.
Parce qu’ils sont des survivants, des héros, des HUMAINS, des chairs meurtries au plus profond de leur âme.

Lire ce livre était comme une évidence pour moi tant je suis avide de curiosités quand ça concerne l’histoire.
Je suis jeune (enfin je n’ai même pas trente ans), et je dois bien avouer avoir une très mauvaise connaissance de cette époque pourtant tristement célèbre, celle où la deuxième guerre mondiale éclatait.
Ce que je connais, ce sont des images de films, quelque peu “enjolivées” pour ne pas heurter les âmes sensibles. Ce sont deux trois fictions historiques, relatant un amour impossible en cette période. Ce sont aussi, quelques bribes de cours d’histoire qu’il me reste en tête, mais dont j’ai, malheureusement, oublié une grosse partie.

Lire ce livre fut riche. En instructions, mais surtout, en émotions.
J’ai été au départ, surprise de voir là, des souvenirs d’un enfant refaire surface. Lire cette histoire douce d’une famille aimante et unie, qui vivait ces derniers instants sans même le savoir. Aron m’a touchée en plein coeur, usant de ses mots, de ses peines, de sa mémoire pour nous retracer avec tact, parfois, une vie qui au final, il n’a pas choisie.

Juif.
Il n’était pas… Il est juif.
Et alors qu’en 2020 il serait pour nous une aberration d’enfermer une ethnie dans des camps pour les torturer, pour les tuer, cela a été, à une époque, une bien triste réalité.

J’ai frémi, mon dieu que j’ai frissonné en lisant certains passages. Révoltée par ce passé, je ne pouvais faire que prendre à parti mon compagnon, pour lui expliquer avec rage l’inhumanité et la bestialité que tous ces juifs ont connu.

J’ai pleuré, beaucoup, pour le jeune Aron qui rentre dans son ghetto, la peur au ventre, avec son père, et qui découvre que sa famille n’est plus. J’ai eu un haut le coeur en pensant à la faim que ces gens ressentaient, celle qui leur broyait le ventre, qui les affaiblissait, qui les tuait. J’ai eu mal pour les douleurs qu’on leur infligeait, sans qu’ils ne puissent jamais riposter.
Mais j’ai espéré aussi.

Tant d’espoir pour lui, pour ses amis du camp, pour les rescapés. Pour son futur.

Et ce fut un véritable plaisir de voir, de lire, que malgré tout, que malgré les difficultés d’un ado traumatisé par son vécu, le mal ne l’a pas emporté, et qu’Aron devenu Armand ait eu un futur, avec sa jolie Suzanne, avec sa fille, avec ses amis.

Un livre à lire sans modération !

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