Sandrine ne s’aime pas. Elle trouve son corps trop gros, son visage trop fade. Timide et mal à l’aise, elle bafouille quand on hausse la voit, reste muette durant les déjeuners entre collègues.
Mais plus rien de cela ne compte le jour où elle rencontre son homme, et qu’il lui fait une place. Une place dans sa maison, auprès de son fils, sa maison où il manque une femme. La première. Elle a disparu, elle est présumée morte et Sandrine, discrète et aimante, reconnaissante, se glisse dans cette absence, fait de son mieux pour redonner le sourire au mari endeuillé et au petit Mathias.
Mais ce n’est pas son fils, ce n’est pas son homme, la première femme était là avant, la première femme était là d’abord. Et le jour où elle réapparaît, vivante, le monde de Sandrine s’écroule.
Date de parution : le 15 janvier 2020
Maison d’éditions: Jc Lattès/ Le Masque
Prix : ebook 14e99 / Broché 20 e
Elle n’a pas juste dissimulé quelque chose, elle a menti et il la croit. Depuis des mois, elle n’a pas menti. Il l’observe de trop près, la scrute avec trop d’insistance ; quand elle dit la vérité, il est déjà capable de lui faire subir un tel enfer {…}Mais elle a menti et il n’a rien vu. Il dit qu’il sait tout, il dit que ce n’est pas la peine de lui cacher des choses parce qu’il va tout savoir. Mais elle a menti et il n’a rien vu.
Cela fait plus de dix minutes que je suis devant mon écran, à ne pas savoir par où commencer pour parler de ce livre. Il y a la plume de l’auteur, oui cette plume incroyable. Mais il y a aussi Sandrine, et Caroline, et l’homme qui pleure, il ne faut pas l’oublier, lui non plus. Et Lisa, mon dieu oui, je l’adore elle ! Puis il y a la trame, et les rebondissements et pfiou!
Il y a, avant toute chose, ce mot de l’auteur, écrit à la fin, qui m’a touchée, moi en tant que femme, et qui relate d’une triste réalité :
“En 2019, au mois d’octobre où je finissais de relire les épreuves de ce livre, 124 femmes étaient mortes assassinées par leur conjoint, ou leur ex-conjoint.”.
Ce roman est l’un des meilleurs que j’ai pu lire jusqu’ici. Je l’affirme, haut et fort, je le crie, je le hurle, je le gueule même, s’il faut.
J’aime les griffes des auteurs, j’aime les plumes, les styles qui se démarquent des autres et qui marquent au fer rouge l’âme et les tripes. Avec ce roman, j’ai été servie. L’écriture est invraisemblable, sensationnelle, nouvelle, renversante et… Elle a ce quelque chose qui fait, qu’on a pas besoin de guillemets ou de cadratins, on a les voix en tête, les intonations, et le reste qui se marie avec perfection. La plume de Louise Mey est une mélodie écrite à lire, à savourer, à ne pas rater.
D’une phrase, d’une seule, elle vous transporte au fin fond de son univers, vous retourne le cerveau, vous amène les choses sans les embellir, en tait d’autres avant de les dévoiler, comme si, bah oui, qu’on est bête -et grosse, grosse, conne, grosse conne de merde- de ne pas avoir remarquer ça plus tôt.
Au départ, la trame m’a fait pensé à l’homme qui pleure à la télé, Jonhatan Daval. Cet homme ayant ému le peuple de par sa tristesse, de par son amour qu’il pleurait et qui en fait, a reconnu avoir tué sa femme. Mais très vite, l’auteur a retourné la situation, en y incluant un enfant, une autre femme, la deuxième femme et une trame bien différente de ce que je pensais trouver.
Sandrine…
Sandrine aurait pu être celle que je suis, celle que je suis quand je me regarde dans le miroir et que je me trouve grosse, moche et conne, avec de trop gros seins et des cuisses qui se touchent en été, qui brulent, et qui rendent chèvre. Elle m’a touchée, de par ses blessures d’enfants, de par ses traumatismes d’ado, de femme aussi qui cherche quelque part l’approbation dans le regard des hommes, des autres.
Et lui, il pleure sa femme. C’est qu’il l’aimait vraiment bien, sa femme. Et il la touche, au plus profond d’elle, et quand il se rencontre, il la touche encore en s’intéressant à elle, à ce qu’elle fait, à la personne qu’elle est.
Puis, l’incompréhension quand la première femme, Caroline, revient. Amnésique, elle ne se rappelle de rien, ni de son mari, de son fils, ni des souvenirs qu’ils avaient dans cette maison.
Et c’est là que le suspens insoutenable se dessine à nous : et nous ? Que ferions-nous ? Comment réagirions -nous si on se retrouvait à la place de Sandrine, de son compagnon ? Reprendre la première femme ou pas ? Garder la deuxième ou non ? Lui laisser notre enfant, alors qu’elle ne se souvient même pas de son prénom ?
C’est rude.
C’est rude, c’est dur, c’est complexe, c’est prenant.
Et cette histoire, dévoile tellement de choses en passant par la complexité des réactions de tous, par la complexité d’une enquête, par l’amour, que c’en est bouleversant.
Mais surtout, elle montre que les violences conjugales, qu’elles soient physiques, ou psychologiques, ne peuvent être prises à la légère.
Je ne peux sincèrement en dire plus, même si j’ai l’envie d’en parler durant des heures. Lisez-le, vous ne le regretterez pas un seul instant !
