Pourtant, au-delà de la douleur que m’inflige sa propre souffrance, j’aperçois l’éclat discret de l’espoir et de la rédemption. Parce qu’en s’abandonnant de la sorte, il fait tomber le mur, il présente sa gorge à la lame de mon couteau. – Partie 2
N’étant pas vraiment du genre patiente entre plusieurs tomes d”une même saga lorsqu’il s’agit des mêmes personnages, j’ai préféré attendre de me procurer ces deux livres avant de les commencer. Maintenant que c’est chose faite et que j’ai pu les enchaîner, je vais essayer de vous en parler succinctement pour chaque partie. Je délaisse les personnages de Tori et Noah à contre-cœur, avec cette envie de continuer à les suivre dans leur bonheur. Et pourtant, lors des premiers chapitres de la première partie mon ressenti initial n’allait pas à son avantage.
Dans le premier opus, Tori et Noah se rencontrent et apprennent à se connaître de façon assez classique, sans que ce soit un point négatif au contraire car nous pouvons facilement s’imprégner de leur personnage ou s’identifier à eux. Leur premier face à face, aux fiançailles de Rose, la sœur de celui-ci et meilleure amie de Tori, les engage dans l’organisation du mariage de cette dernière, et donc les oblige à se retrouver. De fil en aiguille, nous en venons aux rencards, au premier baiser, quitte à en oublier leur mission de départ. Leur relation se met en place naturellement dans la simplicité de leur attirance. Néanmoins, les sentiments ne seront pas suffisants pour vivre cette symbiose dans la paix et la tranquillité. Leurs différences sociales, leur cercle d’amis ou encore leur passé, tant de bâtons dans les roues à apprivoiser. S’ils passent outre leurs préjugés et que peu à peu Noah s’intègre à la famille de cœur de Tori ou bien que celle-ci met ses divergences envers Angélique de côté, leur choix de mettre des œillères sur leur vécu risque de leur éclater au visage bien plus tôt qu’ils ne l’auraient voulu.
Pour être honnête, j’ai eu peur de lâcher prise à un moment, d’abandonner, car l’impression de faire du surplace commençait à m’ennuyer. C’était trop lent mon goût, et enfin il y a eu le déclic. Je crois que j’ai donné une chance à leur histoire en même temps qu’eux. Et j’ai réalisé qu’en réalité ce que je voyais de négatif donnait une dimension authentique à cette histoire. Oui, il n’y a pas eu de coup de foudre, oui, il n’y a pas eu de parties de jambes en l”air à leur première rencontre, mais c’est totalement cohérent avec ce qu’ils sont et avec ce que Jenny R. a voulu faire passer à travers eux. Leur cœur met du temps à se dégourdir, ils doivent de nouveau apprendre à aimer. Ce sont deux personnages empathiques que l’on a envie de voir s’ouvrir et s’épanouir. Ils sont très touchants que ce soit dans leur souffrance intérieur ou dans leurs gestes tendres. J’ai énormément aimé cette immense famille qu’ils forment tous ! Ils se soucient et prennent soin les uns des autres, toujours. Les confidences, les joies, les peines, il ne manque pas d’épaules sur lesquelles s’appuyer en cas de coups durs. De plus Tori va se rendre compte où se trouve ses vrais amis… Pour l’heure, tout est beau, tout est rose, mais ne dit-on pas qu’il faut se méfier de l’eau qui dort ?
Dans la seconde partie, nous retrouvons une Tori angoissée et inquiète. Malgré cela, elle m’a impressionnée dans son aplomb à prendre certaines décisions, pas toujours approuvées par son entourage qui ne comprend pas que cela lui est nécessaire pour rayer de sa mémoire son passé sombre et nocif. Elle gère à la perfection, elle prend le taureau par les cornes, se délie de ses chaînes et j’ai pu reprendre mon souffle avec elle. Seulement, pour Noah, être face aux fantômes de son passé ne sera pas aussi simple, et ce sera une épreuve dans sa relation avec Tori. La beauté de cet amour m’avait touchée dans le premier tome, ici j’ai été déchirée en deux, le souffle de nouveau coupé. Comme Tori, j’ai attendu au fil des mots, des lignes, des pages puis des chapitres que l’espoir refasse surface. Elle est là pour lui, mais la honte est trop forte et la seule défense de Noah est de la rejeter dans la souffrance. Il coule complètement dans les méandres de ses travers qu’il pensait derrière lui, il s’y noie, s’oublie complètement. De son côté, Tori sombre dans un profond chagrin, désemparée et impuissante. Un élément déclencheur lui envoie un électrochoque, elle va se révéler, se battre avec hargne pour eux et pour lui, jusqu’à aller déterrer ses secrets. J’avoue que je m’attendais à des révélations et à un vécu beaucoup plus sombre, ainsi qu’à une tension plus longue et plus soutenue dans le récit. L’issue de ce cahot est également résolu facilement et avec rapidité. Pourtant, la romance éclipse ces quelques points négatifs. Je pense que Jenny a voulu que l’émotion de ses protagonistes soit mise en avant, elle a introduit ce passé pour que nous puissions les voir évoluer dans leur façon de gérer leurs réactions et les conséquences devant leurs obstacles. Les pousser à bout pour mieux se relever, montrer que l’on trouve sa famille pas forcément dans les liens du sang, mais avec le cœur et que l’on découvre ses vrais amis dans les moments heureux ou difficiles mais aussi que l’on ne les connaît pas toujours vraiment.
L’histoire de Tori et Noah est une romance pas si banale que ça. Une première partie qui fait naître cette relation à l’apparence simpliste aux sentiments réels et une seconde partie qui fait disparaître les murs jusqu’à ce que chacun trouve la paix intérieure. La plume de Jenny Rose nous fait tantôt plonger en eaux troubles tantôt remonter à la surface prenant des vagues d’émotions à vous couper le souffle ou bien à le reprendre. Elle nous fait ressentir l’importance des liens d’amitié et qu’il ne faut jamais baisser les bras. Bien que j’ai relevé quelques points négatifs, ceux-ci me semblent secondaires, insignifiants par rapport à ce que l’auteure ait voulu faire passer. J’ai eu de très bons moments de joie comme de larmes à travers ces deux romans.
