“Avant j’étais un salaud” de Louisa Méonis

Quand la douceur d’un moment presque irréel laisse place à la brutalité de la réalité, on se demande si ce que l’on a vécu n’était qu’un rêve, un mirage auquel on peut se raccrocher pour surmonter tous les coups bas de la vie.

Je vais être honnête : si j’avais dû choisir ce roman pour sa couverture, je serais passée à côté. C’est un fait, au premier regard, je ne peux pas dire qu’elle m’est attirée. Ceci dit, maintenant que j’en ai lu l’histoire, je la trouve plus qu’adéquate. Elle a ce côté enfantin dans le dessin, une sorte de naïveté, annonçant le décor. Les couleurs un peu criardes mettent parfaitement en avant le personnage principal et ses caractéristiques personnelles. En un clin d’œil, on le voit homme à femmes, égocentrique, distant, provoquant et mordant.

Comme me l’a rappelé une amie, la couverture ne fait pas toujours l’histoire… Car, c’est une certitude, ce roman a été un vrai coup de cœur pour moi. Il m’a emportée entre sourires heureux et tristes, entre larmes de joie et de peine, entre consternation, espoir et accablement.

Comment un roman peut-il être à la fois bonheur et souffrance me direz-vous ? La plume de l’auteure y est très certainement pour beaucoup… Elle a ce côté vrai. Avec un vocabulaire courant, ces réflexions sont à la fois si anodines et pourtant si frappantes de vérité. Il m’est arrivé plus d’une fois de me mettre en rire, et de me dire en même temps : ce n’est pas marrant. Et pourtant…
Et il est évident que laisser la parole au personnage principal masculin détonne et accentue les réflexions qui vont découler irrémédiablement de ses prises de paroles.

M est loin d’être le personnage le plus sympathique que j’ai croisé dans mes lectures. Pour autant, il est loin d’être antipathique… Je dirais qu’il a ce côté insensible, insaisissable, inaccessible.
Marius de son petit nom, et Morton de son grand, n’est « ni poli, non diplomate, ni souriant, ni, en gros, un gentil garçon “. Les sentiments, il n’en a pas… Qu’il dit ! Car, il serait plus probable qu’il les ‘enfouisse, oublie et qu’il fasse en sorte de ne plus jamais les laisser remonter à la surface ‘. Il a tendance à apprécier une certaine solitude, à ne compter que sur lui-même, et à avancer ainsi depuis son plus jeune âge. Mais, la solitude n’est pas un besoin inné. Donc d’où lui vient ce besoin ? De son métier d’écrivain qui nécessite retraite pour concentration ? De son passé familial plutôt obscur ? Il s’emploie à repousser tout et tout le monde… Seul Stephen, son meilleur ami, est arrivé à passer ces barricades érigées, et leurs joutes verbales en deviennent phénoménales.
Mais comme je le disais, il a ce côté paradoxal où dès les premières lignes on ressent son sentiment de solitude comme subit. Et, du coup, il m’a plus qu’attendrie… Il m’a réellement touchée.

Certes, sa rencontre avec Jacob n’y sera pas pour rien. Et que dire de celle avec Capucine ? Ces deux personnages vont illuminer sa vie, et m’ont mis du baume au cœur.
Pourtant si l’on considère les thèmes abordés ici, ce roman est bien loin d’un feel-good… Mais voilà… le sarcasme et la répartie de M m’ont offert de beaux fous rires ; Jacob, dans toute sa pureté et sa candeur, aura été un vrai soleil qui irradie le cœur de chacun des personnages, et qui aura rempli le mien ; et Cap ? Eh bien, de par sa force à la fois tranquille et volcanique qui défie la peur et le temps, elle aura été l’élément référent et mon guide dans cette histoire !

‘Avant j’étais un salaud’ aborde des sujets forts, de ceux que personnellement j’adore lire.

Il parle de différences… Que ce soit dans les couleurs qu’offre la vie, dans les sourires à la vie, dans les douleurs face à la vie. Les différences se montrent du doigt, peuvent être jugées, et il est facile de s’en moquer. Mais loin d’être une faiblesse, l’auteure, tout en délicatesse et avec respect m’a rappelé la force de toute différence aussi ! C’est le sourire aux lèvres et soupirant d’émotions que je m’en suis souvenu.

Ce roman aborde aussi la notion de solitude… De celle qui est imposée et dont on souffre ; de celle que l’on s’impose pour se protéger ou pour protéger les autres… Quelle qu’elle soit, elle érige des barrières, elle isole, mais en aucun cas ne préserve de l’amertume et des regrets… Du temps passé et à venir… Ni des émotions de chacun.

On y lit nombre d’émotions aussi intenses que la disparition d’un être, peu importe la mesure, le pourquoi ou le comment ; des émotions aussi fortes que l’amour fraternel que l’on découvre, que l’amour passionnel que l’on partage, que l’amour éternel que l’on ne pourra oublier.

Aucune barricade ne pourra préserver le lecteur des profonds sentiments hauts en couleur de ce roman. Inévitablement au fur et à mesure de cette lecture, on souffre, on compatit, on rit, on pleure… On vit !
Et surtout, on va comprendre M. et sa solitude, ses envies, ses désirs, sa jalousie, sa sollicitude, son amour envers Jacob et pour Capucine.

Je pourrais vous en dévoiler plus sur Jacob (que j’ai adoré) et sur Capucine (qui m’a ému), mais aussi sur Lucia (que no habla francés), sur Stephen (qui m’a beaucoup fait rire) et sur Bugs (qui m’a souvent effrayée par ses tenues)… Mais voilà… je préfère vous laisser découvrir leur histoire, car, à mon sens, il est y présenté une notion d’éternité si belle et poignante, défiant l’espace et le temps, qu’il serait dommage de la rater et de ne pas la mémoriser.

Alexia

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