Il y a des choses qu’on enferme à double tour dans les archives de sa conscience. Pas tant pour les autres que pour soi. C’est le placard où sommeillent les monstres, tant que la porte est fermée, tu peux encore dormir et je n’ai aucune envie de me réveiller.
Et moi? est-ce que je serai prête à en faire autant si je le pouvais?
Lorsque j’ai découvert la saga LIZ, j’ai aussi découvert la plume de GH David… Je l’admets : un sacrilège de ne pas avoir lu ses écrits avant ! Au jour d’aujourd’hui, je n’ai pas encore rattrapé tout mon retard quant à la totalité de ses œuvres, mais s’il y en a bien une que je ne saurais, que je ne pourrais rater c’est celle de LIZ. Pour de multiples raisons, elle tient, et gardera une place bien particulière dans mes lectures. Il va donc sans dire qu’à la sortie de « LIZ : 5,1 – Traque en eaux troubles », je ne pouvais être qu’au rendez-vous.
Cette histoire se situe, temporellement, une douzaine d’années après « LIZ — Tome 4 — Danser avec les requins ». Pour ceux et celles qui n’ont pas encore eu l’occasion de lire cette saga, ce tome, je pense, peu tout à fait être lu indépendamment du reste. Certes, il y a des références, des rappels, des souvenirs. Mais l’auteure a su les introduire de telle sorte que le lecteur ne souffre d’aucun manque ou d’aucune incompréhension quant à l’histoire.
On fait ici la connaissance du Commandant Estelle Thilmann. Elle est plutôt rustre, directive, efficace, antipathique, froide. Elle ne vit et ne respire qu’au travers de son travail. Fraichement mutée à Nice, elle va être confrontée à une enquête, en entraînant une autre, et très vite on va la découvrir très ingénue, réfléchie, organisée… mentaliste ? Personnellement, j’aurai une autre théorie, mais à chacun la sienne, et surtout à déterminer par l’auteure.
Estelle a vécu un traumatisme… Perdue dans l’obscurité, amnésique d’un pan de sa vie, lorsque ce passé vient à se rappeler à elle, elle est plutôt en phase délicate. C’est lors d’un de ces soirs de brouillard qu’elle va faire la connaissance d’Alistair.
Alistair… cet homme est bien énigmatique… complexe… une psychologie aux murailles si élevées qu’il parait inaccessible… Si au départ, on ne sait pas de qui il s’agit, pour ceux qui ont lu les tomes précédents, non sans mal on met un ancien nom sur ce nouveau… Passager de la vie d’Élisabeth Ribes, alias LIZ, personnellement, je ne faisais pas partie de ses grandes fans. Bien évidemment, il m’a intriguée, j’ai compati avec lui, comment faire autrement face à la plume qui l’a créée, englouti pas des ténèbres dont j’affectionne dans mes lectures. Ce fut donc plutôt détachée, que je lui ai fait face dans ce début de tome. Mais chemin faisant, émotions sortantes, passé resurgissant, je n’ai pu que m’attacher à lui. C’est à mon sens, toujours à l’honneur de l’auteure, que d’arriver à faire changer un lecteur d’opinion aussi radicalement, transformant antipathie en sympathie, indifférence en empathie, hostilité en affection.
Finalement, ce sera une évidence : Alistair et Estelle seront « deux êtres semblables dont l’instinct s’accorde sur un même mode opératoire. (…) Il y a peut-être autant de violence, de désespoir et d’absolu en chacun d’eux dans des proportions égales. “Je les ai trouvé à la fois déconcertants, effrayants, incroyables et magnifiques ensemble, en parfaite osmose, dans un déchirement émotionnel total en miroir de leurs démons respectifs différents. D’un point de vue psychologique tellement torturé, et torturant ainsi l’esprit du lecteur, ils vont défier les lois de l’entendement, le menant là où ils veulent qu’il aille et l’y surprenant.
Peu à peu, le passé va prendre le dessus sur le présent. Chapitres après chapitres, j’ai été engloutie par les mots de l’auteure. Conjointement au Commandant Thilmann, on cherche les indices, on suit les pistes, on défie les raisonnements… Ne pas se laisser aveugler par l’évidence ! Pourquoi ? Comment ? C’est une enquête menée de main de maître, et je me suis moi-même surprise à élaborer mentalement un tableau identique à celui d’Estelle. On est littéralement emporté, soufflé, intrigué, dubitatif… on veut trouver !
Mais comme l’indique le titre, ce n’est ici que la première partie, la partie immergée de l’iceberg, et je suis persuadée que GH David, lorsqu’elle plongera à la découverte de la partie située en eaux profondes, va nous retourner tant en découvertes, qu’en émotions. Personnellement, il me tarde. De savoir… Qui ? Pourquoi ? Et si… enfin !
Alexia
