Un jour viendra où Léobald saura m’aimer.
Lorsque j’ai vu passer la couverture de « Si j’étais gentille », elle m’a happée. Je lui ai trouvé un côté esthétique parfait, avec cette pointe de superbe rendant le tout très intrigant et irréel. Je ne connaissais pas la plume de l’auteure, je ne savais donc pas trop à quoi m’attendre. D’autant que l’histoire de la fille détestable et détestée qui tombe amoureuse du garçon gentil et parfait est assez répandue. Mais j’aime les découvertes livresques, alors je me suis lancée.
J’ai tout d’abord découvert une plume authentique, très aérienne et poétique, qui embellit le beau et met en lumière le vrai. Elle m’a déstabilisée entre élan de gentillesse et juste arrogance. Et, j’ai adoré cette dualité entre l’apparat et le sincère de l’héroïne de ce roman, Méliannile de Vilmont. Être à ce point sûre et imbue d’elle-même est quelque chose qui a tendance à me hérisser… Mais, ici, l’auteur a réussi à me faire maintes fois sourire face à cette jeune femme, ses pensées et ses actions. J’aurais voulu la détester pour toute sa suffisance, mais voilà que je l’ai trouvé plus qu’attendrissante.
Sa phrase récurrente est : « je suis belle “. Et c’est une certitude. Dans le royaume où elle évolue, il est probable qu’elle soit la plus belle, et sans équivoque qu’elle sache en user et en abuser. D’où, un orgueil démesuré qu’elle cultive avec soin. Mais, alors qu’elle est convaincue (si si je vous assure), que ‘le grandiose fait parti ‘d’elle, elle va se découvrir bien médiocre, face à son promis, Léobald de Lowyne.
C’est un jeune homme ‘gentil ‘ dont dépend l’avenir de sa famille en se mariant avec l’héritière d’une des plus riches familles nobles d’Eladwyne. Vous ne connaissez pas cette contrée ? C’est normal, il sort tout droit de l’imagination de l’auteure : paysages somptueux, décors intemporels, ambiance enchanteresse, c’est un dépaysement total aux pays des merveilles. Enfin, évidemment pas si paradisiaque que ça pour tous…
Au vu d’une alliance familiale, profitant à la fois financièrement, mais aussi socialement, aux deux parties, ces deux-là vont devoir convoiter en noces. Mais rien ne va se dérouler comme prévu, ni pour elle, qui n’a pas l’intention de céder, ni pour lui, qui a juste l’intention de préserver les siens.
Ce mariage ‘arrangé ‘va être le chemin que tout deux vont devoir emprunter afin de prendre conscience de qui ils sont réellement, ce qu’ils ressentent au plus profond d’eux-mêmes et ce qu’ils ont à offrir à l’autre.
Gentil ? Humble ? Chaleureux ? Emphatique ? Bienveillant ? Orgueilleux ? Présomptueux ? Indifférent ? Antipathique ? Odieux ?
Qu’en est-il du préjugé au premier regard ? Une belle robe suffit-elle à éblouir pour cacher les artifices ? Un manoir en ruine n’est-il que le reflet d’un cœur démoli ? Peut-on réellement se fier à tout ce que l’on voit et ressent ? Où s’arrête la parade et commence le réel ? Quelle est la part de vérité que l’on peut donner à un même sentiment ?
Être orgueilleux est-ce synonyme de méchant ? L’orgueil et le mépris sont-ils à ce point indissociable ? Ou la fierté de soi peut-elle être simplement une immense confiance en soi, et en personne d’autre ?
Être gentil est-ce être plaisant en toutes circonstances ? À bien y réfléchir, tout le monde peut avoir un geste de gentillesse, mais qu’en est-il de la bienveillance ? N’est-ce pas cet élan-là qui peut faire toute la différence ?
June Cilgrino m’a offert un chassé-croisé d’émotions intenses en toute réalité et sincérité, et j’ai aimé ça ! Chacun évolue, c’est certain ; mais difficile est le vrai et profond changement d’un façonnage de longue date. Le seul à pouvoir peut-être faire bouger, évoluer et modifier les choses, c’est l’amour… Un amour sincère, sans attente de contrepartie… Un amour offert et partagé de son plein gré…
Encore faut-il être apte à le donner et le recevoir…
Cette romance m’a emporté dans la reconsidération de tous ces sentiments positifs et négatifs que l’on peut avoir de soi, et de l’autre. Il s’agit là de la découverte de l’amour au-delà de toute attente et jugement. Personnellement, j’aurais aimé que Léopold soit un peu plus loquace sur la fin… Mais il est difficile de changer une nature, n’est-ce pas ?
Alexia
