Toi et moi nous méritons mieux que de souffrir.
« Au risque de t’aimer » de Tina Muir était une sortie 2021 que j’attendais. Il faut dire que ma lecture de « Cœurs solitaires en péril » sortie en octobre 2020 m’avait laissé quelques interrogations quant à certains évènements et personnages, et surtout un inconnu au dénouement final…
Ceci dit, il est tout à fait possible de lire les deux romans indépendamment, car les questionnements mentionnés ci-dessus n’ont en rien amoindri mon appréciation de « Cœurs solitaires en péril » et l’histoire de Victor et Liz dans « Au risque de t’aimer » se suffit à elle-même.
Personnellement, j’ai été un peu déstabilisée au début de ma lecture. En effet, il m’a semblé avoir une vision bien erronée de Victor… Dans mes souvenirs, ce personnage (secondaire dans « Cœurs solitaires en péril », et pourtant primordial dans les péripéties du couple principal de ce roman-là) était des plus égocentrique, égoïste, usant et abusant de ses charmes à ses propres fins…
« Avec son visage si chaleureux qu’il en paraissait juvénile, et son physique avenant de surfeur tout juste sorti des vagues, les gens le cataloguaient illico beau gosse superficiel des plages californiennes. “
Et c’est un fait ! Je me suis laissée prendre à ce jeu de ‘beau gosse superficiel ‘. Mais à bien y réfléchir, il semblerait que Victor soit un très bon acteur : ‘sous ses airs de type flegmatique qui prend la vie comme elle vient se cacher un être passion très déterminée ‘…
Avec ‘Au risque de t’aimer’, j’ai découvert un Victor ‘drôle, charmant, touchant, sensuel et sexy ‘; un combattant, un protecteur plus pour les autres que pour lui-même. Bien évidemment, il sait toujours autant user de ses charmes ! Mais, dans cette histoire, ils sont tous dirigés dans la même direction : celle de Liz…
Liz… En ce qui la concerne, impossible de se tromper d’un tome à l’autre, elle reste la même : irréprochable, intègre, inaccessible… Se dissimulant derrière son métier d’agent spécial, elle est quelqu’un qui fait passer les autres avant elle-même ouvrant grand la porte à leur sauvetage au… détriment de sa survie. Et barricadée derrière de ‘solides barrières qu’elle avait érigées en défense ‘ elle met au placard ses sentiments personnels, s’interdisant tout rapprochement.
‘Je ne sais pas aimer. Je ne sais que protéger. ‘
Ceci dit, c’était sans compter sur la ténacité de Victor, et cette évidence qui les relie…
‘Elle qui, un nombre incalculable de fois, avait affronté le danger, sauvé des vies, mené des équipes au combat, se trouvait démunie ‘face à un Victor dont les sentiments pour Liz débordent d’intensité et se réfléchissent dans chacun de leur cœur assurément.
‘Jamais une situation ne l’avait plongée dans un tel désarroi. ‘
Nombres d’interdits, d’incidents et d’inconvénients vont s’immiscer inlassablement dans cette relation qui fait inexorablement battre leurs sentiments à l’unisson, même si parfois ils déraisonnent.
Comment dire plus explicitement que j’ai adoré ces deux personnages. Je les ai trouvé intenses de vérités. L’auteure va mettre en avant de manière très subtile la complexité de l’inversion des rôles : une femme protectrice et un homme à sauver. Évoluant au fil des pages, ils vont devoir apprendre à rééquilibrer leurs craintes et leurs attentes. Sans pour autant rentrer dans l’abus entêté de l’un sur l’autre, mais par le respect, permettant à chacun d’avouer ses forces et ses faiblesses en toute dignité, ils vont apprendre le partager en toute équité.
‘Affronter la tendresse dans le regard bleu ciel de Victor Evans serait toujours sa mission la plus difficile. ‘
Ces sentiments qu’ils partagent sont porteurs de risques, mais surtout de courage, d’audace. Tout risque à prendre ne se fait pas sans conviction, concession ou circonstance. Le risque entrepris entraine souvent un gain ou une perte… Vient alors la question du : peut-on risquer ou doit-on oser ? Car qui n’a rien ne risque rien, il lui suffit d’oser. Mais n’avons pas tous quelque chose de précieux dans nos vies ? L’évaluation de tout risque est-il un frein à essayer, ou au contraire un moteur à la ténacité d’atteindre son objectif ? On risque avec stratégie, on ose avec son cœur…
Ceux qui ont déjà eu l’occasion de lire Tina Muir savent combien sa plume déclinée à la troisième personne peut déstabiliser de nos jours. Pour autant, être spectateur ne signifie pas seulement regarder les sentiments des autres, mais permet aussi le recul offrant une interaction directe avec les personnages. Les ‘mais non ! ‘, ‘mais pourquoi ‘ou encore ‘mais, oui ! ‘, on rythmé ma lecture. Quant aux émotions, l’auteure sait parfaitement les transmettre, et les faire évoluer (Victor en est le parfait exemple pour moi).
Mais ce que je retrouve, personnellement, jusqu’ici à chacune de mes lectures, c’est qu’elle aime surprendre en croyances et traditions, et elle ne fera pas exception ici. Si elle réserve un nombre incalculable d’obstacles à tous ses personnages, que ce soit dû à leurs passés respectifs, mais aussi aux lois, règlements, engagements, dangers réels ou pas, à venir ou anciens, elle n’oubliera pas de faire voyager le lecteur à travers les époques et les cultures, mettant à mal le scepticisme et en doute toutes convictions.
‘Au risque de t’aimer ‘est un voyage… une quête aux mille et une découvertes assurées, bercées par des sentiments bien réels pouvant aussi bien briser des cœurs que les reconstruire… Tout est dit… Il suffit de prendre le risque… d’aimer…
