Je suis perdu dans toutes ces émotions qui font rage à l’intérieur de moi. La colère, l’addiction, l’amitié, le désir, la confiance, les envies, les besoins, le plaisir, la douleur… C’est trop dur à gérer, je m’y perds.
Il y a nombres d’addictions… Aussi différentes par leur nature que semblables par la dépendance à laquelle la personne en pâtissant est soumise. La souffrance qui en découle touche non seulement ceux qui la subissent, mais aussi que ceux qui l’entretiennent ou encore ceux qui en sont spectateurs impuissants. Avec « Strong Addiction », Erin Graham nous relate les certaines (car comme dans toute pathologie il existe moulâtes variantes) causes et effets de la dépendance sexuelle, cette « perte de contrôle de la sexualité et la poursuite du comportement pathologique lié à l’acte sexuel malgré la connaissance de ses conséquences négatives. »
Comme pour toute addiction, personne n’est à l’abri. Mais si certaines sont ouvertement débattues, d’autres restent encore discutées, discutables, cachées et bien honteuses.
C’est tout cela que ressent Liam Nicols, le personnage principal de cette histoire. Grand romancier connu et reconnu sous le nom de « L’Ange de la Romance », depuis tout jeune il souffre de dépendance sexuelle, mais personnage public, il use de tous les subterfuges et refuges à sa connaissance pour garder cela loin de sa vie exposée. La différence en l’être et le paraître, le bien-être et le mal-être. Un cache-misère pour un secret, certes bien sombre, mais qui aurait dû rester « presque indétectable » au fond de son regard.
Mais voilà, tout secret, même masqué, lorsqu’il finit par être connu par une poignée de personnes, à moyen ou long terme, ne peut rester dans l’ombre. Un enchaînement de situations, de révélations et de décisions va mettre Liam sur le chemin de Jade, jeune psychologue.
« Cet homme me fascine. »
Elle a une théorie, une solution, un traitement, qui, si au départ laisse Liam dubitatif voir même indifférent, va malgré tout à un moment assez l’intrigué pour y entrevoir un espoir. Oui, mais lequel ?
Le patient aurait-il trouvé un docteur ? Un soin palliatif ? Un remède ?
Jade… Tout en contradiction… Une jeune femme abordable et introvertie à la fois. Lumineuse et sombre. En fait, il m’a semblé que la personne à ses côtés donnait le ton à ses expressions et ses humeurs, et pourtant elle est loin d’être un caméléon qui s’adapte à l’autre. Certes, sur la réserve, elle sait ce qu’elle veut et ne veut pas. La confiance est son maître mot. Une confiance qui la met à l’aise, qui lui permet de s’ouvrir, de s’épanouir, mais dont la perte la fait s’isoler, tel un bernard-l’ermite.
Qui va finalement faire sortir l’autre de l’ombre ? Transmettre sa lumière ? Faire exploser la coquille dans laquelle il ou elle se complait, se cache et se protège ?
« Moi, je suis paumée. Vous, vous êtes complètement cinglé. »
Qui est malade alors ? Qui souffre de quoi ? Rien n’est jamais aussi simple, clair et limpide. La frontière entre besoin et plaisir peut paraître un monde, et pourtant, à quel moment prenons-nous conscience que le plaisir n’est plus un besoin ? Et en quoi un besoin peut-il être néfaste ? Le besoin de manger est bien vital… Erin Graham a su si bien m’emporter dans ses réflexions, que je me suis moi-même demandé si mon carré de chocolat du soir était un plaisir ou devenu un besoin.
C’est un roman, dont nous lecteur, devenons à même dépendant lors de notre lecture, n’ayant jamais assez du mot, de la ligne, du chapitre suivant, tenu en haleine par les personnages, les évènements, les retournements de situations, les émotions, éprouvant ce besoin de savoir et comprendre.
C’est un roman, où les personnages secondaires ont tous une importance principale et leurs interactions dans l’histoire apportent aussi bien du contenu que du contenant à ce roman. Que ce soit Ambre et ses problèmes, Rémy et sa répartie, Patoche et les escapades, Agnès et sa science humaine réfléchie, Ely et ses élans protecteurs, même Juliette ! Tous enrichissent cette lecture de sourires, rires, colères, déconvenues, souffrances, pleurs.
C’est un roman où le caractère addictif aux besoins de Liam, est dosé avec justesse, avec une sensualité qui ne peut laisser indifférent, pour que le lecteur, à son tour, éprouve non seulement ce désir, ce besoin, mais aussi ce plaisir.
C’est un roman dont la plume de l’auteure nous entraîne tout simplement, mais spontanément dans la recherche « des raisons aux raisons des raisons ».
En bref, c’est un roman sur une addiction dont la lecture est un tel plaisir, qu’il est inutile de chercher à en comprendre la raison, mais simplement à se laisser aller à sa lecture !
