Je refuse de me battre si les portes qui s’entrouvrent finissent par ma claquer au visage. Tant qu’elle aura décidé qu’elles sont closes, je ne peux rien faire. Sa détermination et son entêtement sont devenus ma pire torture.
« Sex Enemy », c’est l’histoire de Charlie et Eliza. Leur dénominateur commun ? Lexie, meilleure amie de leur fervent ennemi. La devise à respecter sans faille ? « Un pour tous et tous pour un. » Eh oui, même s’ils se détestent. Car, rien n’est plus évident que ce fait : Charlie et Eliza sont les deux hérissons qui piquent, et se piquent, rencontrés dans « School of Desire » précédemment publié sous le titre « Will you play with me ». Ils comptent parmi les 4 Mousquetaires gravitant autour de Lexie, personnage principal féminin de ce premier opus de Delhia Bouvier.
Ceci dit, si vous ne l’avez pas lu, aucun souci. Vous pouvez tout autant apprécier la lecture de cette histoire. Mais personnellement, je ne peux que vous conseiller d’y remédier ; d’autant plus, que si je compte correctement, sur les 4 Mousquetaires rencontrés, pour l’instant, seuls deux ont trouvé leur chemin.
Et quel chemin ! Semé d’embuches ? Peut-être pas, j’aurai plutôt dit de quiproquos, de non-dits, d’entêtements, d’arrogances, de rabaissements… À vrai dire, ils sont seuls maîtres de leur animosité réciproque. À tel point qu’ils en oublient le pourquoi du comment… Pourtant, comme dans toute histoire que ce soit d’amitié, d’amour ou de haine, il y a un début. Cet instant dont les enchaînements, combinés à des sentiments personnels, façonnés par des évènements, n’est pas sans poids dans leur relation à venir.
Bon il est vrai, que la seule relation qu’ils entretiennent est plutôt celle de l’évitement ou du rentre dedans, une sorte de « guerre ouverte » perpétuelle. Mais une situation critique pour l’un va entraîner recul, confession et compréhension, le tout saupoudré de désir refoulé, ou presque. Mais lorsque les protections érigées autour de soi sont aussi hautes que les remparts d’une prison, les gravir va s’avérer difficile et de tous les combats, contre l’autre, mais aussi contre soi.
Charlie est un compositeur plus que talentueux de la Compagnie, et dont l’assurance n’a d’égal que son statut social et financier, à savoir sans limites. Les différences sociales… Elles sont abordées ici non pas avec jalousie des uns, mais avec condescendance des autres. Enfin d’une autre… Car à bien y regarder hormis son style de vie dénotant son compte en banque, la gentillesse et ses égards du jeune homme pour ses amis sont plus qu’évidents, enfin, pour tous, lecteur compris, sauf pour Eliza. Il faut dire que « le rapport à l’argent est plutôt conflictuel depuis plusieurs années ».
Éliza n’est pas que tête d’affiche de la Compagnie ; elle est surtout une femme de tête, qui sait ce qu’elle veut, et comment y arriver, et qui, à l’image des 4 Mousquetaires, protège parfois envers et contre tout les siens. Elle est d’une ténacité à toutes épreuves. Et d’ailleurs, Charlie irait jusqu’à dire qu’elle est « peste, têtue et insupportable ! » Pourtant, ce fort caractère est mis à mal par une seule personne : Charlie. Car, c’est évident, il est pour elle source de colère et peine.
Si chacun d’eux a trouvé un équilibre dans leur vie, ils en sont l’un pour l’autre le déséquilibre. Et pourtant, ils se ressemblent tellement, mais n’en ont aucunement conscience barricadés derrière leur rancœur… dont seul le désir qu’ils éprouvent malgré eux l’un pour l’autre pourrait faire vaciller et amener leur cœur à se concilier avec leur raison.
Si au départ, je dois admettre que je ne savais pas trop quoi penser de Charlie (goujat ou sympa), la suite de l’histoire n’a laissé aucun doute sur la catégorie d’homme à laquelle je pouvais le rattacher : sensible et fidèle. Quant à Eliza, je dirais que de sympa, elle m’est apparue au fil des pages de plus en plus agaçante et énervante. Bien évidemment, l’auteure va prendre son temps pour dévoiler non seulement les protections mises en place, mais aussi leurs raisons.
Il est évident que chaque événement passé modèle une partie à venir de notre histoire. Elle l’ajuste, l’adapte, la sculpte… Mais surtout, elle nous change… Les blessures nous grandissent, mais nous ramènent inexorablement à cet état de faiblesse ou de dépendance que l’on ne peut que détester, et par ricochet toute personne ou situation nous y ramenant aussi. Est-il possible alors que la guerre que se mène Charlie et Éliza ne soit qu’une façade, une protection de plus qu’ils s’imposent face à des sentiments, pour l’un qu’il ne veut ou peut envisager et pour l’autre qu’il ne veut ou peut comprendre ?
Avec ce roman, on ne compte pas le nombre de barrières que l’on s’impose soi-même, que ce soit pour se protéger ou par éducation ou convictions. Et qui finalement font bien plus que nous isoler… elles nous éloignent et nous cloisonnent encore plus dans des vérités niées. Et finalement, nous condamnent plus que nous protègent ou nous sauvent, car elles nous empêchent d’être nous-mêmes, dans notre intégralité et d’exploiter le panel de nos capacités, mais aussi empêchent que les autres apprennent à réellement nous connaître. Sauf, lorsqu’on rencontre plus entêté que soit.
Delhia Bouvier m’a de nouveau embarqué avec elle dans l’univers de la Compagnie. Si au premier tome, j’avais adoré jouer, avec celui-là, j’ai adoré chanter ! Sa plume combinée avec un lexique musical à considérer avec attention m’a littéralement emporté. La musique et les sons sont souvent les baromètres de mes journées et autant vous dire que ceux rattachés à ce roman sont puissants en messages à transmettre, et en émotions. Je ne peux que vous encourager à être curieux quant à son lexique musical.
En bref, ce roman a été, pour moi, un moment lecture intense, sensuel, où les surprises sont au rendez-vous, et les réparties et les rires aussi ; et grâce auquel je me suis rappeler adorer jouer au Monopoly, et surtout chanter !
Pour ma part, en refermant ce roman, j’ai juste hâte maintenant de pouvoir danser avec le prochain Mousquetaire de Delhia Bouvier.
