Qu’il est bon de retrouver cette envie, cette excitation à la lecture d’un livre. J’attendais cette histoire avec impatience. Chance et Inès avaient fortement attisée ma curiosité dans L’Âme Errante et je suis largement convaincue par ce premier tome.
Chance. Un prénom, un mot, une signification, des attentes. Mais pour cet enfant, cet adolescent et cet homme ce n’est rien d’autre qu’une malédiction.
Depuis le tout premier tome de la saga des Âmes, je voyais Chance comme un personnage exubérant, frivole, le clown de service toujours prêt à faire rire ou à tourner une situation sérieuse au ridicule. Jamais je n’aurais pu imaginer la profondeur de ses cicatrices, ou plutôt de ses entailles. Il faut voir les choses en face, il n’y a rien de guéri dans cette vie, qui n’est d’ailleurs pas vraiment la sienne. Né dans un seul but, l’échec de cette destinée, le poids de ces moments d’enfance bien trop ancrés en lui le pousse à être un menteur, un usurpateur. Mais qui suis-je pour le juger ! Si ces choix font son malheur, je dois dire que j’y vois tout de même de la beauté et de l’humilité. Malheureusement, il en fait un devoir, une obligation le bouffant de l’intérieur. La culpabilité dont la place n’est pas justifiée, a tout simplement été alimentée par des personnes qui auraient dues être là pour le soutenir, le raisonner dans ses pensées. Mais le temps a passé et les souvenirs de cet enfant dicte sa vie d’adulte. Pourquoi ? Parce qu’il aurait dû être sa chance… L’enfant m’a touchée, m’a rendue admirative et l’adulte m’a tuée à petit feu. Sa vie, son ambition, c’est de vivre celle de celui qui n’est plus. Le poids de ce qu’il s’impose a pesé lourd sur mon cœur. Plus on avance dès le récit, moins Chance arrive à gérer ses sentiments provoquant douleurs après douleurs. Ce qu’il cachait à tout prix prend tellement de place à l’intérieur que cela déborde et devient visible aux yeux des autres. Pourtant, il m’a été impossible de lui en vouloir, je souhaitais bien plus le voir sortir de cet enfer, SON enfer que d’être irrité envers son comportement. Sa descente est une chute libre dont seule Inès pourrait être son parachute.
Deux protagonistes brisés par la vie de manière totalement différente certes, mais par un vécu lourd pour l’un et l’autre. Ils se devinent au fil des pages, s’apprennent, se cherchent, s’aiment, se déchirent. La patience est le maître mot d’Inès. J’appréciais beaucoup son côté effacé, calme, distante et fragile. Cependant, trouver en elle cette force mentale que je n’attendais pas augmente la puissance des émotions. Chance prend beaucoup de place dans sa tête et dans son cœur, elle voit en lui ce qu’il exècre le plus, la chance de sa vie : sa rédemption. Si le roman est sombre par certains aspects, Inès apporte une part de douceur, de délicatesse. Au fond, c’est une jeune femme combative qui veut oublier et voir son avenir sans ombres collées à ses pieds. Alors que Chance, pensant faire le mieux pour elle, va dans la mauvaise direction, dans une relation toxique dans laquelle rien de bon n’en ressort. Inès essaie d’avancer pendant que lui sombre complètement. Ils m’ont fait ressentir des sentiments sans arrêt contradictoires jouant avec mon âme, un coup noyée dans la tourmente face à leur détresse, puis la laissant reprendre son souffle dans cet amour encore incertain.
Un vrai bonheur de revoir les anciens protagonistes, mais surtout, j’ai adoré qu’Océane leur donne à tous cette importance et cette implication dans la vie de Chance et Inès. Leurs interventions apportent beaucoup, que ce soit des confessions, des marques d’attention ou encore cet état d’esprit fraternel.
Cette première partie dévoile ce qui se cache sous la surface à travers une romance aussi belle que dévastatrice. Océane Ghanem manie les émotions à la fois avec délicatesse et dureté, elle pointe du doigt des sujets encore trop souvent tabous à travers une plume pertinente et respectueuse. Cette histoire d’amour est un crève cœur qui inspire autant qu’elle aspire à une note d’espoir.
