Pour Mara de Mary Matthews

Ce n’est pas quand tu as tout ce qu’il faut pour te battre que tu fais preuve de courage, c’est justement quand tu n’as rien et que tu te bats quand même, que tu fais preuve d’héroïsme.

À chaque prise en main d’un roman de Mary Matthews, j’ai le cœur qui palpite, car je sais par avance que je ne sortirai pas indemne de ma lecture.

Et « Pour Mara » n’a pas fait exception. En refermant ce roman, je reste silencieuse, les yeux embrumés et le cœur serré… Non seulement par les émotions transmises par la plume de l’auteur, mais aussi par les thèmes abordés dans cette histoire.

La différence… Un thème que j’aime lire. Est-ce parce que je pense que tout être différent le rend unique ? 

Normal… différent… étrange… Pourquoi ? Pourquoi cette distinction devrait être faite et surtout accepter ? Ne peut-on pas accepter toute personne telle qu’elle est ? 

Et surtout la différence est-elle plus ou moins acceptable que la méchanceté, car être différent ne fait de mal à personne si ce n’est peut-être à soi-même… 

La souffrance, Eneko et Mara connaissent. Pourtant, Eneko était « normal » avant… et Mara a tout l’air d’une jeune fille « normale »… 

On parle souvent de différence innée. Mary Matthews avec ce roman pointe les différences survenantes suite à une révélation, une éducation, un conditionnement, un choc, un accident. Est-ce plus facile à comprendre et accepter ? Pourquoi ? En quoi sommes-nous juges de la différence d’autrui ?

« Eneko est gentil et intelligent, drôle à son insu, curieux et beau. »

Mara « est différente… forte et fragile à la fois. »

Curieux… différent…

Leur vie a été chamboulée à un moment donné, changeant leur « normalité » en différence. D’ailleurs Eneko se rappelle cet « avant », sans pour autant s’effacer dans son présent. Sa force de caractère est son moteur, même si sa faiblesse arrive à le freiner. Quant à Mara, elle évite le « avant » et ne se concentre que sur le présent, essayant de se trouver des petits gestes « normaux » pour pallier ses « ambiguïtés » apparentes.

Ces deux êtres uniques vont se croiser, s’apprivoiser, s’aimer, l’un  l’autre. Eneko sera le jardin secret de Mara, et Mara sera « l’ange  tombé du ciel » d’Eneko. Ensemble, ils vont découvrir ou redécouvrir la différence d’être à deux, loin de leur « normalité » d’être seul.

Leur « relation se complique avec ce défaut, mais c’est aussi ce qui la rend intéressante et sûrement plus intime. »

Finalement la normalité n’est-ce pas ce que l’on connaît tout simplement ? Et même si c’est s’enfermer soi-même dans un placard ? Où s’y confiner est loin d’être des plus agréables, mais qui, somme toute, fait que l’on se sente plus sécure ? 

À quel moment arrive-t-on à décider d’ouvrir la porte et de la garder ouverte face au monde extérieur ? Une rencontre, une personne suffit-elle ? Et qui doit activer le mécanisme ? Celui qui est à l’extérieur dans l’optique de sauver, quitte à aggraver l’insécurité de celui ou celle à l’intérieur ? Ou celui qui y est prisonnier faisant foi de sa volonté à affronter l’inconnu insécure ?

« Autant qu’un et un font deux, même si on voudrait des variantes ou d’autres options, c’est comme ça, l’univers a décidé qu’il n’y aurait que cette solution. »

L’univers, le destin, le hasard ? La rencontre d’Eneko et Mara était inévitable, car elle semble être la différence nécessaire à l’acceptation de l’autre.

Leur chemin sera rempli de belles rencontres, en la personne d’Emmanuelle notamment, personnage secondaire que j’ai beaucoup aimé,  amenant un souffle par ses réparties et sa bienveillance ; des rencontres adorables, les aidant à leur manière très enfantine à se surpasser et aller au-delà d’eux-mêmes ; et, de mauvaises rencontres, les pires qui soient, mesquines, méchantes, horribles, mais dont la « normalité » les protège.  

Car, « Pour Mara » de Mary Matthews aborde aussi le sujet de la méchanceté humaine, usant et abusant de pouvoir en tout genre, aussi horrible qu’inconcevable, bien à l’abri derrière un quotidien de façade, un statut social, tout ce qu’il y a de plus normal.

Toutes ces réflexions, je l’admets sont plus que personnelles, mais voilà en refermant ce dernier roman de Mary Matthews, j’espère que d’autres lecteurs et lectrices y parviennent aussi. Et surtout, prendront le temps comme moi, d’aller lire la note de l’auteure. 

Encore une fois, Mary Matthews livre avec « Pour Mara » une histoire poignante d’espoirs et de vérités.

« La vérité ne change pas parce qu’on se plaint. Elle reste la même, quoi qu’on décide. Il suffit juste d’avancer et de souffrir en silence, de continuer de croire qu’un jour les choses changeront. » 

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