Je ne lui avais jamais dit d’arrêter à l’époque. Je ne lui dirai pas d’arrêter maintenant. Ce n’était pas ainsi que ça devait se passer. Je n’allais pas m’en sortir en jouant la victime.
Prisonnière de R.J Lewis est un beau bébé de plus de 700 pages plongeant le lecteur au centre d’un monde où la moindre petite erreur coûte la vie et où les sentiments n’ont pas leur place. Pourtant malgré le danger naît une relation sombre, quelque peu malsaine dont on ne trouve la vérité qu’après avoir longtemps gratté la surface.
Ce livre est composé de trois parties distinctes chacune relatant une période définie dans la vie de Vixen et Nixon. Cela couvre quelques années de leurs existences et permet réellement de prendre en compte les conséquences de leurs agissements. Interviennent également plusieurs personnes durant cette lecture et si l’on passe souvent du point de vue de la jeune femme à la première personne à celui de Nixon à la troisième, d’autres protagonistes nous livrent leur ressenti et j’ai trouvé ça très intelligent de la part de l’autrice.
Durant la première phase de ce livre, on s’immisce directement dans l’intimité du couple. Contrairement à beaucoup d’autres du genre, ici on ne commence pas par la rencontre du duo. De ce fait, on peut dire que la tension est déjà bien installée et on a du mal à comprendre vraiment ce que l’un et l’autre recherchent. Enfin, s’il est clair que l’un des deux a développé un besoin irrationnel de l’autre, je me suis posée beaucoup de questions sur leur dynamique et je ne doute pas que certains trouveront que leurs actes semblent totalement tordus. Pourtant, mine de rien, chacun de leurs échanges a du sens, chacune de leurs paroles les mène un peu plus vers l’absolution, vers leur vérité, aussi difficile soit-elle à entendre et à appréhender.
La seconde partie se concentre sur ce qu’il s’est passé au départ, sur les raisons pour lesquelles Vixen se retrouve dans cette situation, mais elle nous ouvre surtout les yeux sur la complexité de la jeune femme et permet de se rendre compte de la guerre qu’elle se livre à elle-même. On en apprend beaucoup plus durant ces quelques pages et il faut bien avouer que cela remet en perspective l’ensemble de cette histoire.
Enfin, les derniers chapitres exposent une prise de conscience, ils énoncent des évidences qui dorénavant nous sautent aux yeux et mettent le doigt sur les espoirs et les désillusions de chacun. Ils mettent en lumière la puissance de ce genre d’amour aussi destructeur que passionnel et nous tirent vers un épilogue que l’on attend sans vraiment l’espérer.
Prisonnière est un livre étonnant, véritable bombe à retardement que j’ai eu du mal à lâcher. C’est une romance qui m’a fait passer par toute sorte d’émotions et qui fait vivre à ce couple un cauchemar éveillé. Mais qui a dit que l’amour était facile ? Et qu’est-ce qui définit la normalité ?
Si vous êtes adepte des duos fleur bleue et des livres bourrés de déclarations enflammées au clair de lune, je ne vous conseille pas de vous jeter sur ce texte. Toutefois, si vous n’avez pas peur de vous égratigner le cœur, si vous êtes à la recherche de sentiments dévastateurs, n’hésitez pas à vous perdre entre ces pages.
